vendredi 5 octobre 2007

Toit concurrent



Le véritable évènement de ces derniers jours se situe à un jet de pierre de ma fenêtre, mais mon polaroïd m'ayant été soustrait dans l'un de mes précieux moments d'inattention - polaroïd aujourd'hui en route vers une ville de province du nord, région de laquelle je proviens moi aussi, par l'une des ramifications du récit arborescent qui me compose, et à bien y réfléchir c'est un juste retour des choses que de laisser aller mon appareil vers ces origines auxquelles je ne consacre pas beaucoup d'intérêt - je ne peux que constater, muet, la gigantesque entreprise multilingue qui s'érige en face de chez moi. Et ce sont, dans ma chambre et dès sept heures trente du matin, des jurons en portugais et en espagnol qui pénètrent la pièce et commentent l'avancée de cet énorme toîture noire qui s'élève, relativement branlante, il faut le remarquer. Le plus impressionant n'est pas tant, d'ailleurs, que les ouvriers cohabitent dans les filets des échaffaudages en plusieurs langues; le plus impressionant, d'ici, c'est la plaque obscure et gigantesque qui maintenant doit flotter à près de cinquante mètre du sol, comme la longue cape d'un super-héros pétrifié en plein ciel. Ou comme un orage figé, sec, un peu métallique. Pour conjurer la nouvelle obscurité de mon appartement, je sors régulièrement, et aujourd'hui je vois mon ami M. qui m'offre, en guise de félicitation pour l'obtention de mon diplôme universitaire, un livre qui porte le nom de "Tribulations d'un précaire". Je bénis son sens de l'humour et dois bien admettre que, ces prochains jours, ma précarité sera tout à fait ambulatoire.

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