samedi 9 février 2008

bomba de inspiracion

"-¿ Qué conexión espiritual hay en la Bomba del Tiempo ?
-Los tambores muevan fibras profundas, que vienen de tiempos preculturales. Te conectás con el ritmo, los ciclos de la vida. El latido, el día y la noche, la muerte : estás tocando un cuero de animal y esto te pone en relación con el planeta.
"
Entrevista a Santiago Vázquez, percusionista que se produce cada lunés en el Konex con La Bomba del Tiempo, y cuyo tembor cerebral también parece haber vibrado mucho a lo largo de esos dos años de conciertos semanales.

devaluacion monetaria, o como de repente cambia el valor de una fecha

dimanche 20 janvier 2008

asphalte

Maquinchao. Accumulation de bâtisses poussiéreuses posées sur un plateau désertique, en plein centre de la province de Rio Negro, au nord de la Patagonie. Destination choisie au hasard sur la carte, avec assez peu de réussite, probablement: il n'y a rien, rien que des tourbillons verticaux de vent et de sables et des vols succints de sacs en plastique; parfois, un chien ou un cycliste léthargique traverse au ralenti une rue innondée de chaleur. En descendant du bus, aux alentours de minuit moins le quart, le chauffeur me demande sans conviction: - tu es sûr que tu descends ici? Je hoche la tête et cherche du regard, parmi les ombres naissantes de cette nuit déjà si inhospitalière, le chaffeur de taxi qui, au téléphone, a promis de me conduire à un hébergement. Après quelques minutes d'enquête angoissée, je découvre un gauchito ventripotent, peletonné dans l'obcurité, protégé du vent par son taxi rouillé et par un béret vissé sur son front plissé, une large ceinture de laine, de vieilles espadrilles rescapées d'un combat avec l'usure et la terre. Et il faut admettre que, durant le trajet qui me charrie dans l'unique pension du village désolé, et même le lendemain, lorsque j'arpente à moitié ahuri les cinq interminables avenues terrassées par le silence et la solitude, il faut bien admettre que s'écoule en moi une sorte de courant contradictoire, théâtre d'un affrontement presque fratricide entre un sentiment d'exaltation affolé découlant de cette modeste excursion initiatique, et l'impression banale et néanmoins intense d'absurdité qui accompagne inévitablement toute quête de sens, conrant contradictoire que je parviens d'ailleurs, au terme d'une profonde respiration, à synthétiser par une question presque ascétique de simplicité: mais qu'est ce que je fais là?
Maquinchao est enfilé comme une perle de laine usée sur le long collier sinueux que constitue la ligne du Tren Patagonico, installé par les anglais au milieu des annés 1950 (selon une source orale que je ne saurais mettre en doute pour l'instant). Même si la ligne de chemin de fer n'est plus ce qu'elle était jadis (mais a-t-elle jamais été quelque chose ?), la relative désolation du village de Maquinchao (et, par extension, des aglomérations du plateau de Rio Negro) provient plutôt du fait, à mon sens, que l'unique route qui traverse le pays d'ouest en est à cette hauteur est dépourvue d'asphalte. Ce qui signifie, très concrètement, que l'unique autobus reliant San Carlos de Bariloche, au pied de la cordillère, à la ville de Viedma, collée au littoral atlantique, est forcé de cahoter durant plus de 11h et plusieurs centaines de kilomètres sur une route dont la beauté sans limite est proportionnelle à l'état désastreux de son revêtement. Inaccessibilité d'une région entière, captive des épines et de la poussière; inaccessibilité qui, par ailleurs, semble également préserver, selon Juan Manuel, personnalité improbable qui vient contredire ma thèse selon laquelle les personnages merveilleux rencontrés dans les trous les plus déserts du monde n'existent que dans les livres de Chatwin ou dans les films australiens. S'ensuit donc un débat, une soirée d'étoiles, de bière et de raviolis de campagne, au sujet de l'asphalte: est-ce que le goudron qui est annoncé pour bientôt viendra sauver Maquinchao d'une lente et certaine décrépitude, ou au contraire, la nouvelle voie de communication viendra-t-elle dénaturer totalement la vie paisible de ces cyclistes léthargiques, ces gauchos au verbe rare et à la poigne généreuse, ces autoroutes du vent et du silence?

jeudi 27 décembre 2007

Manouches en sous-sol


Première répétition sur les voies de la ligne B, dans la station de métro Carlos Pellegrini, entre Diagonal Norte et Lavalle. Carlos et Lisandro ont déjà entamé un Sweet Georgia Brown assez lent que je ne peux malheureusement pas rattraper, mais je m'installe sur un demi tabouret en bois qui trône sous une arche dégoulinante. Nous enchaînons avec Cesar Swing (un peu hésitant), et une chanteuse nous rejoint par le train suivant pour une version de All of me dont je crois que, sur le moment, tout le monde s'est senti assez fier. Le violoniste lance ensuite un morceau dont je ne connais ni le nom ni l'enchaînement, j'en profite pour allumer une cigarette et mesurer l'amplitude de la fournaise; des bouffées d'air bouillant et putride remontent les tunnels et accèdent aux voies, j'aperçois mes compagnons dans une nappe de vapeur flottante et il est évident que si le public est aussi intermittent et transitoire, ce n'est pas seulement à cause de l'empressement quotidien (ni, a fortiori, à cause de nos talents, relativement hypothéqués dans cette bouche du diable). Djangology me tire de mes rêveries, je me débats avec mes arpèges habituels et tente de donner le meilleur de moi-même sur le dernier thème, à l'approche d'un train bondé qui, je l'espère, sera le dernier. Une répétition est une répétition. Même en public. Il n'y a pas de raison d'y mouiller sa dernière chemise.

samedi 22 décembre 2007

money & mitre


Réveil aux premières heures du matin par une reprise à coing de Money, dans une interprétation qui, avec tout mon respect, tient plus d'une répétition de la fanfare du cirque Knie sur le déclin que d'une expérience psychotique. Angoisse du samedi: quelques achats à faire sur le bord d'une avenue marchande; l'empressement des fêtes que personne n'évite; un rendez-vous dans un quartier éloigné et rupin, une sorte de Carouge qui aurait mené à bien sa laborieuse ascension vers l'eldorado du quartier branché. Rendez-vous manqué, ou plutôt, absurdement circonstanciel: A. me parle la couleur des murs de la cuisine de son nouvel appartement, du dernier livre de M. Ayra qu'il faut m'empresser d'acheter, de ses bottines, de son salaire, de l'actualité théâtrale. Je ne sais pas endiguer ce catalogue envahissant de fin d'année, je ne sais pas parler à A., je finis par regarder la décoration du bar. Charmante.
Je n'ai pas d'argent avec moi, A. m'invite, me tend un chewing-gum et me plante au milieu du trottoir pour rejoindre un autre rendez-vous. Je pense à Bresson, ou plutôt non, je pense à Bartolomé Mitre que la caissière du métro me rend avec quelques piecettes, Mitre qu'elle me rend atrocement mutilé, marqué d'un "traidor" sur le front, comme s'il s'agissait d'un bagnard ou d'un pestiféré ou d'un criminel, je pense à l'honneur souillé de ce pauvre Mitre et à la collection de rendez-vous de A., je pense à l'odeur de Mitre, au Noël de A., aux pauvres Pink Floyd déshonorés par la fanfare du cirque Knie, je pense à mes poches qui sont vides, à mes retrouvailles avec A., à son départ, à A., à la caissière qui m'a livré Mitre dans cet état et au moribond étendu sur le sol du métro, au moribond qui, littéralement, rend l'âme à quelques mètres de moi, de nous tous, dans une flaque de vin en brique. Puis je pense à nouveau à Noël. Qui trahit? Qui a trahi?

mercredi 19 décembre 2007

Tout le monde l'appelle Cristina


"Si el nombre es arquetipo de la cosa, será Cristina nomás. El vocativo se impone por goleada en los medios gráficos, ni qué hablar en los electrónicos, tanto como en la jerga cotidiana. […] La lógica mediática impone sus reglas: “Cristina” es más breve que sus apellidos, más personal y menos artificial que “CFK”, sigla útil para ahorrar caracteres en los títulos. Quienes atisban en ese modo de nombrar un sesgo machista o una diferencia con la eminencia atribuida a los varones se tendrán que ir apañando."
Mario Wainfeld, à propos de la dénomination de la nouvelle présidente de la République Fédérale Argentine, Cristina Fernandez de Kirchner, Pagina/12, 16.12.07

lundi 17 décembre 2007

Lumière

À l'écart du trafic et du couinement des autobus cahotant et, a fortiori, des publicités pour le shampoing Dove et consorts, les rues qui cernent la Plaza del Congreso semblent vouées à une sieste ancestrale. Je viens d'acheter une lampe de chevet bien oxydée comme il faut et pénètre dans un quicaillerie pour la compléter d'une ampoule ordinaire. Je choisis au fond du présentoir le modèle Alic Iluminacion Clara 60 W et, par paresse, dévisage le quicaillier avec la plus parfaite apathie. Nous parlons un peu, assez bas parce qu'il fait chaud, et il m'apprend avec un sérieux inébranlable que l'amitié entre David Hume et Jean-Jaques Rousseau (qui est genevois, lui dis-je, ce qui n'a pas l'air de l'étonner) a connu des hauts et des bas, surtout vers la fin, lorsqu'ils ont entrepris dans leur correspondance une polémique rageuse et ambigue concernant (pour être concis) la "véritable identité de David Hume", ce qui fait bien sûr directement référence au penchant sexuel du philosophe, qui était homosexuel mais pas seulement (et là le quincailler n'a pas su clarifier la complexité de son analyse ). Sur ce un homme en salopette transportant un arrosoir en tôle est entré dans le local et j'ai pu prendre congé des deux hommes, retrouvant la rue et les quelques figuiers nains qui parsèment le trottoir.
J'ai installé ma lampe de chevet, qui fonctionne. Présage de lentes soirées lecture.